Agriculture bio dans les Alpes de Haute-Provence : la progression des surfaces se poursuit

20 juillet 2017

Par Gaelle Caron


Après une année 2015 record, les chiffres de 2016 communiqués récemment par l’Agence Bio confirment que la croissance de l’agriculture bio dans les Alpes de Haute-Provence est toujours au beau fixe. 5ème région française en termes de surfaces agricoles bio, PACA compte près de 90 500 ha certifiés.

Avec près de 20% de sa SAU (Surface Agricole Utile) engagée en bio, la région PACA enregistre une fois encore au niveau national, le taux le plus élevé de surfaces bio dans sa surface agricole globale. En effet, l’année 2016 a vu ses surfaces engagées en bio augmenter de 7% par rapport à l’année 2015. Le département des Alpes de Haute-Provence suit fidèlement cette tendance : ses surfaces bio ont augmenté de 8% par rapport à 2015 et elles représentent un peu plus de 20% des surfaces agricoles du département, ce qui représente près de 31 400 ha engagés. Les Alpes de Haute-Provence se placent donc deuxième au niveau régional, derrière les Bouches-du-Rhône, et 4ème au rang national.

Une progression en surface dans l’ensemble des filières

L’année 2016 a vu l’ensemble des productions végétales concernées par l’augmentation des surfaces engagées en bio dans les Alpes de Haute-Provence. Les grandes cultures (14% de surface et 6% de fermes engagées de plus qu’en 2015) continuent leur croissance fulgurante pour la 5ème année consécutive. Elles occupent à présent plus de 9 500 ha, ce qui représente 10% de la SAU en grandes cultures du département. Les PPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales, + 14% de surface et +10% de fermes engagées) se sont également démarquées par leur dynamisme. Cela redonne un élan à la filière dont la proportion en bio ne cessaient de se réduire depuis 2012. Les surfaces fourragères bio, bien que leur progression soit plus modeste, sont en constante augmentation sur le territoire depuis plus de 5 ans, atteignant 25 800 ha de SAU engagées en bio. Le constat est donc sans surprise : un quart des surfaces fourragères du département sont engagées en agriculture biologique en 2016. Quant aux autres productions végétales, la progression n’est pas spectaculaire, une légère régression des surfaces de légumes frais a même été enregistrée par rapport à 2015. On peut tout de même noter qu’un quart des surfaces en vignes sont actuellement engagées en bio sur le territoire.


Importance du bio dans les différentes filières agricoles des Alpes de Haute-Provence

Une diversification des productions animales biologiques

Les productions animales quant à elles ne sont pas en reste, la progression du bio concerne l’ensemble des espèces. Si dans le département, les filières comptabilisant le plus grand nombre d’exploitations bio sont les élevages bovins et ovins allaitants (respectivement 39 et 38 fermes), la dynamique de conversion est particulièrement forte en poules pondeuses avec désormais 13 fermes engagées en bio (+45% de fermes engagées, +95% d’animaux certifiés). Si le système pastorale des Alpes de Haute-Provence, dans lequel l’élevage ovin viande est prépondérant, connait depuis quelques années une régression moindre que dans le reste de la France, on observe tout de même ce phénomène localement en bio, avec une diminution de 13% du nombre de têtes bio en 2016 comparativement à 2015 (9892 têtes fin 2016). L’évolution incertaine des marchés et de la demande, couplée au phénomène du loup qui prend de plus en plus d’ampleur dans la région et qui cause de réels préjudices économiques et moraux aux producteurs expliquent en grande partie cette baisse de dynamique dans la filière bio.

Un changement d’échelle à structurer

Cette dynamique positive pour l’agriculture biologique appelle à une structuration durable des filières pour garantir la pérennité des conversions. Si le bio s’est en premier développé via de la vente de proximité et des circuits courts, d’autres modes de commercialisation apparaissent nécessaires aujourd’hui pour la valorisation des productions. Et la solution peut souvent se trouver dans l’organisation collective des producteurs, permettant ainsi de répondre en valeur et en sécurité au changement d’échelle de l’agriculture biologique. Le développement des magasins de producteurs constitue par exemple une réponse permettant d’attirer de nouveaux consommateurs du département recherchant un lien pratique de proximité avec les agriculteurs. Par ailleurs, les coopératives, les organismes stockeurs ou les moulins offrent également des débouchés permettant une valorisation de céréales diversifiées sur des marchés hors de notre département, trop peu peuplé pour pouvoir tout absorber. La multiplicité des formes d’organisation commerciales des producteurs des Alpes de Haute-Provence constituent un réel atout pour faire rayonner la grande diversité des produits issus de son agriculture biologique dans ses frontières comme au-delà. Faut-il encore que les faibles transferts de fonds du premier au second pilier de la PAC annoncés par le ministre de l’agriculture, insuffisants pour les aides à la conversion d’ici 2021, ne viennent pas freiner la dynamique.