Filière : Le boom des grandes cultures bio

La filière des grandes cultures biologiques connaît depuis deux ans une croissance inédite en surfaces et en demande au niveau français. Cette situation oblige à une réflexion sur la valorisation des débouchés à l’échelle de la rotation pour faire coïncider les réussites agronomiques et économiques des systèmes.

2015 et 2016 resteront comme des années exceptionnelles pour les grandes cultures biologiques en France. Au cours de ces deux dernières années, les surfaces biologiques dans cette filière ont, d’après l’Agence Bio, augmenté de 30%. Ce sont désormais 365 000 ha de grandes cultures qui sont en mode de production biologique au niveau national, soit 2.5% en surface de la surface nationale de cette filière. Au cours de l’année 2016, 65 000 nouveaux hectares de grandes cultures supplémentaires seraient passés en bio, avec des dynamiques de conversion particulièrement spectaculaires en Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Auvergne-Rhone-Alpes, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté. Même si les chiffres de 2016 ne sont pas encore connus dans le détail, ceux de 2015, laissent également à penser que la dynamique est similaire en région PACA, en particulier dans les Alpes de Haute-Provence et les Bouches du Rhône. Plus de9 % de la surface en grandes cultures régionales était en bio fin 2015. On note généralement au niveau national, des conversions moins importantes dans des régions à forts potentiels de rendement, en témoignent les chiffres encore timides du Bassin Parisien.

Vers l’autonomie de la filière française de grandes cultures

Mis à part les légumes secs, la très grande majorité des céréales bio de France est collectée par des coopératives ou des organismes stockeurs et transformée par des meuniers. Devant l’ampleur de ces conversions, les opérateurs économiques et plus largement l’ensemble des acteurs de la filière se sont inquiétés des débouchés pour les nouveaux volumes en C2 ou en bio. L’augmentation considérable et inédite de la demande en produit bio (+20% par an) devrait assurer des débouchés pour ces nouveaux volumes, qui faute d’être assurés en France le seront par l’importation. Cette augmentation de débouchés concerne tous les modes de distribution : les magasins spécialisés comme les grandes et moyennes surfaces. Coop de France prévoit d’ailleurs une autosuffisance pour la filière grandes cultures bio française d’ici 2018 en meunerie, et même 2017 en alimentation du bétail. En blé tendre par exemple, les meuniers utilisent annuellement plus de 100 000 tonnes de matière première bio, avec une augmentation de 8% en moyenne sur les trois dernières années. La faible récolte de 2016, avec seulement 75 000 tonnes collectées, du fait des conditions climatiques délicates du Nord et Nord Ouest de la France n’a fait que contrecarrer le chemin vers l’autosuffisance.


Figure 1 : utilisation des céréales bio en France

Le développement nécessaire de débouchés diversifiés

Outre les céréales, le développement à grande échelle de débouchés rémunérateurs de cultures diversifiées est nécessaire pour la bonne cohérence agronomique des systèmes biologiques. En huile bio, l’offre progresse, notamment en tournesol, le colza étant pour le moment difficile à produire. Des légumineuses représentent aussi des marchés en croissance et se structurent en filières longues. C’est par exemple le cas du pois chiche, culture à laquelle des collecteurs régionaux s’intéressent, ou encore du soja pour l’alimentation humaine. Sur ce dernier, la France est quasiment autosuffisante dans un contexte d’augmentation importante de la demande. La possibilité de valoriser en circuits longs des cultures diversifiées, et en particulier des légumineuses, est une condition importante du développement sur le long terme des grandes cultures biologiques. La qualité des céréales produit en dépend fortement.

Rédaction : Mathieu Marguerie