Gel d’épis et échaudage : les deux facteurs climatiques de l’année marquants sur céréales d’hiver en Provence

25 juin 2017

Par Mathieu Marguerie

Décidément, aucune année ne se ressemble pour les blés en Provence. Après un printemps 2016, historiquement sec mais avec des chaleurs modérées, l’année 2017 est marquée par des gels tardifs en Avril et des fortes chaleurs en Juin. Autant de phénomènes qui pourront impacté le rendement malgré final malgré une pluviométrie printanière qui laissait augurer de bons potentiels.

Climat et rendement du blé sont fortement liés. Des bonnes conditions de semis au remplissage du grain, chacune des composantes de rendement du blé est sensible à des conditions particulières climatiques, en plus de la nutrition azotée et de la pression parasitaire. Cette année, de fortes pluies peu après les semis bio (200 mm à Mane vers le 20 novembre) ont pu pénaliser les levées, en particulier pour les semis les plus tardifs.


Élaboration des composantes de rendements du blé et risques climatiques et nutritionnels associés (Nicolas Latraye, 2016 d’après Arvalis-infos

Forte sécheresse à partir de la floraison

Si l’on prend l’exemple des Alpes de Haute-Provence, avec sensiblement le même cumul depuis le 1er janvier, la pluviométrie a été mieux répartie ce printemps que l’an dernier. Là où les précipitations avaient été très faibles voir quasi absentes en mars et avril 2016, elles ont été plus régulières cette année permettant ainsi de favoriser le potentiel de rendement pendant la montaison (élaboration du nombre d’épis par plante et du nombre de grains par épi). La quantification du stress hydrique par l’utilisation de sondes tensiométriques permet de constater l’aggravation quasi continue de la sécheresse depuis la mi-mai, soit à partir de la floraison du blé, ce qui risque d’affecter les composantes de rendement du nombre de grains/épi et de remplissage du grain.



Évolution comparée de la tension du sol à 30 cm à Mane dans les essais de variétés de blé. Les tensions sont mesurées par des sondes tensiométriques et donnent des valeurs en centibar représentant la tension nécéssaire aux racines pour prélever l’eau. Plus elles sont élevées, plus elles traduisent un état de sécheresse important. La courbe bleue représente les tensions en irrigué (irrigation matérialisée par les bâtonnets violets), et la rouge sans irrigation. On constate le décrochage des tensiomètres en sec continue depuis la mi-mai et le maintien de tensions basses en irrigué.

Le nombre de grains par épi et le remplissage du grain potentiellement affectés

Au-delà de l’absence de pluie en fin de cycle du blé, les fortes températures de ces derniers jours font également peser un risque sur le remplissage du grain. Les températures échaudantes que nous connaissons actuellement en Provence (plus de 25°, et même plus de 30°C) risquent d’affecter la multiplication cellulaire dans les grains et ainsi réduire leur taille (faibles PMG). Ce risque vient s’ajouter à celui de températures élevées (plus de 30 degrés) au moment de la floraison, principalement pour les variétés les plus tardives pouvant pénaliser le nombre de grains par épi. Mais l’autre phénomène climatique marquant risquant d’affecter sensiblement le nombre de grains/épi le gel tardif observé au mois d’avril en Haute-Provence se manifestant par :
-  Des épis blancs (épis gelés) si des températures inférieures à -4°C ont été observées alors que les blés étaient encore en montaison ou début gonflement, c’est-à-dire avec leurs épis protégés (mais pas suffisamment) dans leur gaine.
-  De la stérilité de pollen avec des températures négatives au stade gonflement que l’on constatera avec des étages de grains non remplis.


Épi gelé (Mathieu Marguerie)

Les essais de variétés de blé tendre menés à Mane permettront une nouvelle fois encore de caractériser les variétés qui s’en sont le mieux sorties dans les conditions climatiques particulières de cette année. Rendez-vous après les moissons pour les résultats enrichis de vos retours d’observations du terrain. Dans ce but, Bio de PACA lancera dans les prochains jours une grande enquête sur vos résultats moissons dont la synthèse permettra une vision globale précise des performances en grandes cultures biologiques sur la région. L’accumulation de ces données dans le temps a pour objectif d’aider les producteurs à caractériser au mieux les facteurs de réussite et d’échec de leurs systèmes de production.

mathieu.marguerie@bio-provence.org