S’organiser pour produire des PPAM bio diversifiées : compte rendu du voyage d’étude

L’objectif de cette journée, organisée le 20 janvier dernier par Agribio 04 et Agribiodrôme, dans le cadre du CASDAR PPAM était de montrer par l’exemple le fonctionnement d’exploitations et de filières de PPAM diversifiées en bio. En effet, la filière PPAM bio dans les Alpes de Haute-Provence est encore peu diversifiée alors que de nombreux producteurs souhaitent s’engager dans cette voie et qu’il existe désormais un outil de distillation mobile adapté.

Visite de l’exploitation d’Éric Chauvin à Chabeuil en PPAM biologiques diversifiées en circuits longs

Trajectoire de l’exploitation
La journée a débuté par la visite de l’exploitation d’Éric Chauvin à Chabeuil. L’exploitation, reprise en 2001 par Eric, était historiquement en salades conventionnelles sous serre et plein champ. En 2008, Eric amorce une diversification de son activité avec l’implantation de 5000m² de camomille romaine et 2000m² de pensées sauvages, en utilisant une petite partie des serres traditionnellement réservées à la culture de salades. Il utilise d’ailleurs sur ces premières cultures de PPAM, les techniques culturales de la salade avec en particulier l’emploi de paillages plastiques biodégradables, ce qui s’avère être un essai concluant du point de vue de la maîtrise des mauvaises herbes.
En 2009, suite à la conversion directement derrière jachère de parcelles en mode de production biologique, Éric plante en bio 1 ha de camomille, 1 ha de menthe poivrée et 8000 m² de thym.
La conversion se poursuit ensuite avec 16 ha supplémentaires à l’irrigué en 2010. Il achève de convertir la totalité de son exploitation en 2016, suite à l’abandon des cultures de tournesol semences en conventionnel. L’exploitation mesure aujourd’hui 98ha.

Productions en place
Éric produit aujourd’hui du géranuim (Bourbon, Madagascar), de la mélisse, du thym thujanol et linalol, bleuet, sauge, fenouil…
Éric envisage dans les années à venir de ne planter qu’en mono-rang pour mieux gérer l’enherbement.
Il place les PPAM derrière une céréale généralement.


Plans de camomille ramassés au champ pour être replantés au printemps. Protection anti-gel.

Matériel
Au niveau matériel, il utilise les herses étrilles de la SICA (cf plus bas) et possède un désherbeur thermique et pour la récolte une faucheuse à section double lame qui selon lui abîme peu les plantes et permet des débits de chantier assez rapides. Il possède également une remorque autochargeuse (moins cher qu’une automotrice difficile à rentabiliser sur ses surfaces).


Commercialisation

Il commercialise sa production via la SICA Bio Plantes, un groupement de producteur travaillant avec Elixens La SICA regroupe 40 producteurs sur cinq départements (Drôme, Gard, Vaucluse, Hautes Alpes et Alpes de Haute-Provence).
Les producteurs adhérents à la SICA doivent vendre l’intégralité de leur production à cette structure. Elixens commercialise aussi bien des huiles essentielles que des plantes sèches. L’intérêt que voit Eric dans cette organisation est que la SICA est au plus près des besoins du marché. Il n’y a pas pour les producteurs d’engagements sur des volumes minimums.
Un contrat Biosolidaire permet ensuite la définition de prix planchers entre la SICA et Elixens définis par un Conseil de surveillance qui fixe les prix pour toutes les plantes en fonction des tendances du marché.
La SICA permet aussi de se partager de la main d’œuvre via un groupement d’employeur et de mutualiser du matériel.
Par ailleurs, une aide à la plantation est prévue pour les producteurs nouvellement arrivée (10 à 30% de la prise en charge du coût des plants).
A la récolte le distillateur d’Elixens vient faire des prélèvements pour évaluer le stade de la plante pour garantir la bonne qualité de l’huile essentielle.

Visite de l’exploitation de Nicolas Koziel en PPAM diversifiées en circuits courts à Montoison

Présentation de l’exploitation et des cultures
Nicolas est installé sur son exploitation depuis 6 ans. Il possède 5 ha dont 3.5 de cultivés. Sur l’espace cultivé les ¾ sont en maraîchage et le dernier quart en PPAM. Il utilise un cheval et du petit matériel adapté pour la conduite de ses cultures.
Il cultive actuellement des plantes pour l’herboristerie (25 à 35 espèces, cueillette comprise), pour les eaux florales et les huiles essentielles.

Commercialisation
Nicolas vend sa production de PPAM en vente directe, dans deux magasins de producteurs pour les tisanes qu’il confectionne. Pour les huiles essentielles, il travaille avec Arriès et distille chez des amis avec lesquels il a un projet d’alambic collectif.

Outillage
Nicolas utilise un tracteur pour les travaux de préparation du sol qui demandent de la puissance et a acquis, voir autoconstruit du petit matériel petit à petit.


Petite bineuse adaptée à l’exploitation.

Quelques pratiques techniques
Si le paillage plastique est efficace pour lutter contre les mauvaises herbes, Nicolas essaye au maximum de limiter son utilisation pour des raisons environnementales.
Il pratique des engrais verts à l’automne derrière les PPAM (avoine, vesce, moutarde).

Le séchoir
La journée se termine par la visite du séchoir de Nicolas de 90m² en claies et auto-construit. Il tri manuellement les plants sur une planche devant le séchoir. Pour limiter les quantités de plants à trier, il a préféré développer le maraîchage sur son exploitation plutôt qu’un atelier PPAM trop important.
Le séchoir, en bois de pin non traité, est composé de 15 étages de claires d’1m². Le coût d’un séchoir est de 2500€.


Le séchoir

Mathieu Marguerie